Aux côtés de

La Déclaration de Chaillot au coeur de la transition environnementale 

Le succès du Forum mondial Bâtiments et Climat tient à l’ampleur de la participation et à la visibilité qu’il donne à l’objectif de décarbonation du secteur, partout dans le monde. Les engagements pris par les participants sont regroupés dans la Déclaration de Chaillot, adoptée par 70 gouvernements en mars dernier. Ce document, fondamental, concentre l’ensemble des mesures à déployer pour assurer la transition écologique de la construction.

Maxime Pasquier, chef de service Bâtiment de l’ADEME et Yves-Laurent Sapoval, délégué ministériel pour la ville durable à l’international, reviennent sur ses impacts pour le secteur en France.


Bio express

Maxime PASQUIER 
Chef de service Bâtiment de l’ADEME, auparavant expert de l’écomobilité (développement filière et évaluation véhicules) à l’Argonne National Laboratory et Stellantis. 

Yves-Laurent SAPOVAL
Délégué ministériel pour la ville durable à l’international, architecte urbaniste de l’État, cocréateur de la GlobalABC* lors de la COP21 et du Buildings Breakthrough en 2023.

* Global Alliance for Buildings and Construction (globalabc.org) 

Comment la Déclaration de Chaillot peut-elle influer sur la transition environnementale de la construction en France ?
Maxime Pasquier

C’est un véritable guide pour le secteur. La Déclaration de Chaillot permet de fixer des objectifs ambitieux pour réduire ses émissions carbone. D’abord par l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments durant leur construction puis leur cycle de vie ; ensuite via le recours aux énergies renouvelables. La Déclaration recommande également l’utilisation de matériaux de construction durable (bois, biosourcés, recyclés), l’écoconception, la réutilisation et le recyclage. Ces préconisations sont utiles pour concevoir des bâtiments résistants aux effets du changement climatique, comme les fortes chaleurs qui provoquent un « retrait-gonflement des argiles », phénomène fragilisant les sols et impactant les constructions (tassements, fissures). La Déclaration encourage enfin un urbanisme durable multipliant les espaces verts et une meilleure gestion des eaux pluviales. 

Concrètement, comment cela se traduit-il ?
Yves-Laurent Sapoval

Les mises en oeuvre des recommandations sont à la charge des acteurs de la construction, la Déclaration n’étant pas juridiquement contraignante. En revanche, les pays signataires vont intégrer ces préconisations dans leur stratégie nationale bâtiment/climat, ou peuvent les inscrire dans leur Code de la construction. Pour cela, les gouvernements doivent aussi montrer la voie, car les investissements à réaliser sont colossaux, via la commande publique par exemple. Mais cette Déclaration est un pas fort signifiant un engagement moral des gouvernants, et la volonté de coopérer pour avancer avec l’ensemble des partenaires de la chaîne de valeur du bâtiment. 

M. P.

Pour aider ces acteurs, la Déclaration intègre des mesures techniques, économiques, sociales et politiques. Sur le volet social notamment, elle recommande d’impliquer les citoyens, les communautés locales et parties prenantes dans le processus de décision relatif aux projets de construction. L’enjeu est d’offrir des solutions répondant à leurs besoins.

La Déclaration de Chaillot est un véritable guide pour le secteur de la construction en France. 

Maxime Pasquier, Chef de service Bâtiment de l’ADEME

En France, quel rôle va jouer l’ADEME dans cette transcription ?
M. P.

L’ADEME intervient au niveau des leviers d’action. L’innovation d’abord, cruciale pour réussir la transition environnementale. J’ai cité plus haut les matériaux durables, mais il y a aussi des outils numériques comme le Building Information Modeling, utilisé pour optimiser la conception, la construction et la gestion des bâtiments. L’ADEME est impliquée par ailleurs sur le levier de la formation et de la sensibilisation des professionnels sur les enjeux, les techniques et pratiques nouvelles. Citons par exemple le programme CEE FEEBAT dédié à la formation à la rénovation énergétique des bâtiments. Enfin, la collaboration public-privé pour développer des solutions innovantes nous paraît pertinente, notamment sur le volet du financement des rénovations. 

La Déclaration de Chaillot engage moralement les décideurs et ouvre la voie pour avancer sur un mode coopératif.

Yves-Laurent Sapoval, Délégué ministériel pour la ville durable à l’international, architecte urbaniste de l’État, cocréateur de la GlobalABC